Le changement auquel on ne croit plus...

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Démocrates, soyez vigilants !
Votre candidat présumé perd chaque jour un peu plus de terrain parmi ceux qui avaient cru en lui du départ : les jeunes, les "Bobos" (ou équivalent !), les Indépendants, et surtout, ce qui est plus inquiétant encore, et inattendu, les Noirs.

C'est une donnée que le Parti démocrate a refusé jusque là de reconnaître - tout au moins officiellement-, mais qu'il leur faudra bien affronter avant et pendant la Convention de Denver.
Bien sûr, tout le monde comprend qu'il est toujours très difficile d'avouer publiquement que l'on s'est trompé, surtout quand l'erreur pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la vie de millions de personnes.
Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit.


Le Parti démocrate est confronté à une évidence : il a choisi le candidat le plus faible, et maintenant il se pourrait qu'il perde une élection qui paraissait jouée d'avance en sa faveur, tant l'impopularité de l'actuelle administration Républicaine est grande et sans précédent.
Pourtant, il n'est pas trop tard. Comme nous l'avons mentionné hier sur ce blog, Hillary Clinton, malgré la manière scandaleuse dont elle a été traitée par son propre parti, est prête à leur pardonner. Elle est prête à oublier et à accepter de devenir leur candidate, malgré tout ce qu'on lui a fait subir. Elle désire que les délégués aient la possiblité de voter pour elle lors de la convention, et s'ils reconnaissent finalement s'être trompés et la désignent, elle sera d'accord pour les représenter et devenir candidate officielle à la place de Obama.
Tout peut donc arriver à Denver, car la Convention n'aura lieu, ne l'oublions pas, que dans vingt jours. Vingt jours pendant lesquels Obama peut très bien continuer de chuter dans les sondages. Et si c'est le cas, pourquoi les Démocrates ne changeraient-ils pas d'avis ?



Alors, la question est maintenant : comment se fait-il que Obama soit parvenu à décevoir autant de monde en aussi peu de temps ?
Le symbole de cette descente aux enfers restera vraisemblablement ce qui s'est passé avant-hier en Floride, entre le sénateur de l'Illinois et de jeunes Afro-Américains.

 "Que fais-tu pour la communauté noire, Obama" : voilà ce qui était écrit sur la banderole de ces trois jeunes Noirs venus perturber une meeting du candidat, tandis qu'il était en train de prononcer un discours sur la situation économique du pays. Ces jeunes étaient en fait des militants de 'l'Internationale de la révolution africaine", ce qui signifie qu'ils sont bien informés. Si eux pensent que Obama ne fera rien en faveur de la communauté afro-américaine, c'est certainement que ce dernier s'est jusque-là très peu préoccupé de leur sort. Pire même : en refusant d'être le candidat d'une communauté particulière pour ne pas s'aliéner les voix des Blancs, Obama a commencé à se mettre à dos ses plus fidèles partisans. Il  ne suffit pas de montrer que l'on sait bien jouer au basket pour devenir le digne représentant de tous les Blacks !
Le pari était il est vrai délicat : comment dans un pays comme les Etats-Unis prétendre représenter toutes les minorités et la majorité blanche, comment réussir à faire comme il le prétendait au début l'unité ?
Pari perdu, comme on le voit sur ces images.

Mais ce qui est encore plus préoccupant pour le "pas encore candidat officiel", c'est qu'en même temps qu'il perd en popularité auprès des Noirs, il parvient de moins en moins à convaincre les jeunes, déçus par ses revirements constants, notamment sur la guerre en Irak, ou plus récemment sur les forages pétroliers. Finalement, la jeunesse s'aperçoit que son héros n'est peut-être pas si vert que ça, et on sait que l'environnement est un sujet qui leur tient à coeur. Quant à l'Irak, en fait plus personne ne comprend grand-chose à ce que l'Elu veut vraiment : retrait immédiat ou non des troupes américaines, en fait tout dépend de son humeur du moment...

D'autre part, il a aussi déçu ceux que l'on pourrait appeler les "Bobos, c'est à dire les personnes ayant fait des études supérieures, qui ont des idées de gauche ("liberal" aux Etats-Unis), en raison de ses prises de position récentes sur la peine de mort ou le port d'armes.
Et enfin, lui qui parlait pendant les primaires de sa capacité à attirer les voix des Indépendants, qui seront sans doute avec les femmes la clé de cette élection, il n'a plus vraiment la cote auprès d'eux, comme le prouve une étude récente(voir notre rubrique "sondages"). Ces ni Républicains ni Démocrates, séduits au début par la perspective d'une figure nouvelle, se sont peu à peu rendu compte qu'ils avaient en face d'eux "Beaucoup de bruit pour rien" pour reprendre le célèbre titre d'une pièce de Shakespeare.
C'est à dire beaucoup de promesses de pratiquer la politique autrement qui se sont révélées peu à peu fallacieuses : Obama ne s'avérant au bout du compte que bien trop semblable à tous les autres politiciens intéressés par une chose : le pouvoir.

Cela fait beaucoup de déçus me direz-vous. C'est un sacré exploit qu'a réussi là Obama en moins de deux mois, depuis son auto-proclamation comme candidat officiel des Démocrates.
Franchement, Hillary CLinton n'en attendait certainement pas autant.
Alors, désormais, tous les pro-Clinton ont de vraies raisons d'espérer...

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